Une introduction fracassante dans le monde du voyage !!

Je vivais à Barcelone où j’avais emménagé pour mes études de théâtre (qui m’y coutaient beaucoup moins chères) et où j’avais décidé de rester vivre. Mais ça ne se passait pas très bien et je n’étais pas très heureuse. On peut même dire que j’étais carrément déprimée. Je n’arrivais pas du tout à me sentir heureuse dans cette ville qui ne correspondait pas du tout mon énergie.

 

Mais deux ans s’étaient passés depuis la fin de mes études et j’y avais aussi créé mes habitudes. Deux ans pendant lesquels je n’étais pas du tout rentrée en France. Donc je ne savais pas trop quoi faire. Je me sentais un peu bloquée et j’avais très envie de partir, très envie de voyager. Mais je n’avais pas du tout d’argent parce que j’avais financé toutes mes études avec ce que j’avais de côté et les salaires en Espagne étant bas, beaucoup plus bas qu’en France, mes revenus me permettaient juste de vivre au quotidien, mais pas du tout de mettre de côté. Du coup, je me sentais complètement bloquée.

 

Et puis un jour je suis dans un parc et je rencontre un mec colombien avec qui je sympathise. Le type est très sympa, un musicien qui parcourt le monde, bonne énergie, vraiment super cool. Donc on reste en contact, on passe tout l’été à discuter et on devient même super potes. Même après qu’il ait quitté Barcelone pour voyager en Europe, on continuait à discuter et je lui avais dit que s’il passait à nouveau par Barcelone il était le bienvenu à la maison.

 

Et donc il était effectivement revenu à Barcelone avec son pote chilien et j’avais hébergé les deux à la maison. Pas mal de temps d’ailleurs, ce qui m’a causé beaucoup de soucis avec mes colocs. Mais ils étaient vraiment super cool et à moi ça me faisait beaucoup de bien. Justement ils correspondaient vraiment à l’idée que je me faisais de la coloc. On sentait qu’ils avaient l’habitude de vivre en communauté et de participer à la vie de la maison, de faire la cuisine, les courses etc… Alors que moi je vivais depuis le départ dans une coloc où chacun faisait sa vie de son côté de manière hyper individualiste. Mes deux colocs travaillaient en entreprise, ils n’avaient jamais le temps et restaient tout le temps enfermés dans leur chambre. Il n’y avait aucun partage. Dès que je proposais de cuisiner personne n’avait jamais faim, ce genre de trucs… Vraiment une ambiance que moi je n’aimais pas du tout, puisqu’évidemment, j’étais allé vivre en Espagne avec cette idée de l’Auberge Espagnole. Et je suis tombée en fait sur des gens qui travaillent beaucoup, qui pensaient surtout à faire de l’argent et qui ne correspondaient pas du tout la mentalité que j’avais imaginée.

 

Donc voilà que je me retrouve à accueillir ce colombien et ce chilien qui voyagent partout dans le monde, qui me racontent leurs voyages, leurs histoires… et moi je suis effarée. Et je leur dis que j’adorerais voyager mais que je n’ai pas une thune et que du coup je ne peux pas. Et je suis curieuse de savoir comment eux, avec leurs profils plutôt artistes comme moi, font pour financer leurs voyages.

 

Et là ils me disent : « Bah nous, on fait les saisons en Californie dans le cannabis. » Je n’avais aucune idée que ça existait, je n’y connais rien au cannabis, je ne fume même pas de joint, et tout ça était tout à fait nouveau pour moi. Donc eux me parlent de ça, me disent qu’ils font une saison tous les ans dans les fermes de cannabis en Californie, qu’ils font beaucoup d’argent avec ça et que c’est comme ça qu’ils financent leurs voyages, en alternant 6 mois de travail avec 6 mois de voyage. C’est ça leur mode de vie. Ils travaillent 6 mois dans les champs de cannabis, ils voyagent et ils font leur musique. Et moi j’écoute ça et j’adore ! Forcément je suis comédienne, moi aussi j’ai un profil plutôt artiste et côté argent c’est pas facile tous les jours. Donc je suis émerveillée et je trouve ça super ! Et eux me disent qu’ils y retournent en septembre, qu’ils peuvent m’aider à trouver une place pour y travailler et que je suis la bienvenue. J’ai juste besoin d’une adresse en Californie, de quelqu’un pour m’accueillir et puis c’est tout. Ils me précisent aussi qu’en arrivant à la frontière US, c’est très important que je sois le mieux habillée possible et que je n’ai surtout pas l’air d’une backpacker. Mais qu’une fois sur place, eux m’aideront à trouver du travail.

 

Donc moi je réfléchis, je réfléchis et j’hésite. Parce que tout ça est très loin de moi et de ce que je connais, que ça a quand même l’air un peu risqué, mais en même temps je suis vraiment impressionnée par leur mode de vie et cette opportunité est la meilleure que j’ai pour pouvoir enfin voyager. Et à ce moment-là je ne travaille pas, j’ai 600 € sur mon compte, juste de quoi payer un mois de loyer (400 € et des brouettes) et ma bouffe. Donc je me dis : « Bon… soit tu restes à Barcelone un mois de plus à galérer, essayer de trouver du boulot dans ta branche, mais bon, a priori c’est pas gagné, soit tu fais coup de poker en mettant tout ce qu’il te reste pour te payer un vol pour la Californie ».

 

Évidemment, c’est cette seconde option que j’ai choisie.

 

Donc je fais mon ESTA, je réussis à trouver quelqu’un qui connait quelqu’un qui vit à San Francisco et qui est ok pour m’héberger et j’achète un aller-retour pour San Francisco, qui m’a coûté à l’époque, je me souviens très précisément, 270 €. Ce qui me laisse tout juste plus de 300 € de budget sur place en Californie. Et pour moi ça allait, je me dis que 300 € c’est beaucoup d’argent et qu’avec ce budget je suis tranquille pour deux, trois semaines et qu’au pire, j’ai de quoi tenir jusqu’à mon vol retour. Je n’avais aucune idée du coût de la vie à San Francisco et je pensais que j’étais large donc je ne m’inquiète pas. Même si bon, pour pouvoir partir j’ai lâché le bail de mon appart à Barcelone, j’ai fait gardé mon chien, déménagé mes affaires chez des amis etc.. donc si je dois revenir au bout de deux semaines c’est quand même la grosse galère. Mais bon, l’aventure c’est l’aventure ! Et moi j’ai toujours été plutôt aventurière, j’ai toujours bien aimé les défis et sortir de ma zone de confort donc ça me va.

 

Donc je pars à San Francisco et le plan c’est de partir 4 mois en tout : un mois de travail dans une ferme de cannabis qui doit me rapporter US $5,000, et 3 mois pendant lesquels je veux voyager au Mexique, en Colombie et au Brésil. Et je pars en mode total backpacker. Tout le contraire de ce que mes potes m’avaient dit ! Ils m’avaient dit « Surtout, surtout, n’arrives pas à la douane US avec un sac à dos, tu prends avec une valise, tu arrives bien habillée, tu montres que tu as de l’argent ».

 

Et moi, j’arrive à l’immigration des Etats-Unis avec un jeans troué, un sac à dos dans lequel j’ai mis un hamac et US $300. Et je dois bien avouer que j’étais un peu à l’ouest. Je ne me souvenais pas du tout le nom du mec chez qui j’allais, je n’avais aucune idée de ce qu’il faisait dans la vie, je ne savais rien sur lui. Et il faut savoir que l’immigration aux Etats-Unis, c’est vraiment pas de la rigolade. Je pense que c’est la pire immigration que j’ai passée de toute ma vie. Ils posent des tas de questions et surtout, ils veulent savoir ce que tu viens faire, où tu vas aller et où tu vas loger. Donc ils me posent plein de questions sur le mec qui est censé m’héberger et moi je n’ai aucune réponse à leurs questions. À l’époque je n’avais pas du tout l’habitude de voyager mais maintenant que j’y repense je me dis que j’ai vraiment fait tout ce qu’il ne fallait pas faire !

 

Du coup ils m’emmènent dans une pièce avec d’autres gens, des Mexicains principalement, mais aussi une Française avec des dreads et un style roots vraiment typique de ce que l’immigration US ne doit pas aimer. Elle commence à me parler et moi je suis un peu gênée parce que je me dis que ça craint s’ils me voient sympathiser avec cette fille et qu’ils nous classent dans la même catégorie. Je commence à être super stressée. J’ai peur qu’ils ne me laissent pas passer et qu’ils me renvoient chez moi, avec le billet retour à ma charge, une amende et une interdiction de territoire pendant 5 ans, ce qui est le tarif s’ils ont des choses à vous reprocher ou qu’ils pensent que vous venez pour des activités illégales (comme travailler dans un ferme de cannabis par exemple). Il ne faut vraiment pas que ça arrive parce qu’en plus du fait que je n’ai pas de quoi payer ni amende ni billet retour, ça fait deux ans que je ne suis pas rentrée en France, ma mère n’est pas du tout au courant que je suis là et ça risque d’être un peu le bordel si je dois rentrer.

 

Et c’est parti pour un interrogatoire de 2 heures pendant lesquelles ils m’interrogent en long, en large et en travers. Évidemment, mon anglais était en plus catastrophique et je suis désespérée. Heureusement, il y a un Wifi gratuit à l’aéroport de San Francisco donc je contacte le mec chez qui je suis censée dormir et lui explique la situation, que je suis bloquée à l’immigration, que je ne sais pas quoi faire, que je suis paniquée etc… Et je commence à me demander dans quelle galère je me suis embarquée, à me dire que j’aurais dû rester chez moi, que ça n’est pas fait pour moi, à me demander pourquoi je suis partie, bref à douter quoi. Et là le mec me répond et m’envoie son passeport, un passeport diplomatique !!

 

Je ne peux pas dévoiler où travaillait ce mec parce que je n’ai pas envie de lui créer des soucis, mais disons qu’il avait un gros poste dans l’administration à San Francisco. Donc là c’est un truc de fou parce que c’est quand même le Graal d’être accueilli par une personne qui a un passeport diplomatique quand on est en train de se faire emmerder par l’immigration. Mais en même temps, je suis ici pour travailler dans une ferme de cannabis, ce qui est totalement illégal, donc c’est potentiellement aussi un peu chaud pour moi !

 

Donc là tout se débloque et ils valident mon entrée sur le territoire !

 

Sauf qu’arrivée à 3 mètres de la porte de sortie, un autre mec m’arrête. Et il me dit qu’il veut fouiller mon sac. Donc il retourne mon sac, sort tout et passe tout au peigne fin. Et moi je me dis que je ne vais jamais réussir à sortir de cet aéroport. Au bout d’une demi-heure de fouille, c’est enfin bon, le mec me laisse partir et j’entre enfin officiellement à San Francisco !

 

Je commande direct un Uber en direction de l’adresse de ce mec qui devait m’héberger. Et là, je tombe sur une baraque absolument incroyable sur les hauteurs de San Francisco. Dans une coloc de trois mecs de mon âge, qui s’avèrent être des gens incroyables, vraiment des amours, super bonne vibe, très intéressants, tous avec des super boulots etc… Ils m’emmènent faire un billard, on boit des bières, ils me racontent leurs voyages, leurs vies, des vies incroyables et passionnantes, vraiment. Ma rencontre avec ces trois mecs est pour sûr un de mes plus beaux souvenirs de voyage.

 

Donc on s’entend super bien et ils me proposent une fête le lendemain. Une fête déguisée dans laquelle circulaient des petits bonbons au LSD. Habituellement je ne suis pas du tout friande de ce genre d’expérience, je suis plutôt un esprit sain dans un corps sain, mais là j’étais à San Francisco et j’avais envie de me laisser porter et de vivre l’aventure à fond. Et puis je trouvais les gens tellement formidables, intelligents, intéressants, ouverts d’esprit, tolérants, multiculturels, tous avec des histoires de vie incroyables et super inspirantes. Bref, c’était incroyable ! Et là comme souvent ça s’enchaine. Arrive un mec déguisé en gangster, qui propose d’aller à une soirée, un peu loin d’où on était mais j’avais vraiment envie de vivre l’aventure donc je me chauffe et je le suis. On atterrit dans une soirée électro-funk géniale dans un espèce de hangar en sous-sol, tout le monde déguisé, sauf pas mal de personnes qui étaient totalement nues. Donc pour moi c’est un enchainement de trucs de malade depuis que je suis partie de Barcelone et je me retrouve dans des situations de plus en plus hallucinantes. Sentiment en plus renforcé par l’effet du LSD. J’avais l’impression d’être la spectatrice de mon propre film.

 

La soirée dure jusqu’au petit matin jusqu’à ce qu’on rentre chez mon nouvel ami où je m’endors dans le canapé. Mais là, une fois l’excitation retombée je commence à prendre conscience des choses. Mon pote Colombien ne me répond pas depuis que je suis arrivée, je dors chez des mecs super sympas mais que je ne connais pas du tout et je n’ai aucune idée de ce que je vais faire si ce boulot dans la ferme de cannabis ne se fait finalement pas.

 

Donc je me mets à harceler le Colombien de messages en lui disant qu’il faut vraiment qu’il me tienne au courant parce que je vais vite être dans la merde et je dois savoir ce que je vais faire. En attendant sa réponse, le mec avec qui j’étais partie à la soirée me propose d’aller chez lui pour me présenter sa coloc et m’amène dans une sorte de maison victorienne avec genre sept chambres et 17 personnes qui vivaient dedans, chaque chambre étant divisée en plusieurs espaces séparés par des draps. Un vrai campement de hippies mais dans une maison victorienne de 250 mètres carrés en plein cœur de San Francisco. Encore un truc hallucinant.

 

Je reçois enfin un message du Colombien qui me dit « C’est bon, t’as du travail, tu dois aller lundi à 9h du mat avec des ciseaux à telle adresse ».

 

L’adresse en question est à 6h au nord de là ou je suis et mon pote, très cool, propose de m’emmener en voiture et de m’aider à trouver les ciseaux dont j’ai besoin pour mon nouveau travail de récolteuse de cannabis, qui se sont avérés ne pas du tout être les bons mais que j’ai finalement pu me procurer plus tard sur place.

 

Mon pote me dépose dans un trou paumé en plein milieu de rien, avec mes vieilles couvertures, mon sac à dos, mon jeans troué et mes deux ciseaux, où je rejoins un belge flamand super sympa qui m’accueille avec un grand sourire aux lèvres et son chapeau de paille. Et c’est parti pour un mois de travail dans cette ferme, avec ce belge flamand qui m’a tout appris et qui est devenu un super pote, et d’autres personnes du monde entier, tous réunis ici pour couper du cannabis, boire de la tequila et terminer nos journées en nous relaxant dans le jacuzzi de la maison ! Après un mois super, j’avais atteint la somme de US $ 5 000 qui était mon objectif et je décide donc que cette aventure s’arrête là pour moi.

 

Avec ces 5 000 $ j’ai voyagé un mois au Mexique, un mois en Colombie et un mois au Brésil et c’est entre la Colombie et le Brésil que j’ai rencontré mon petit ami actuel et avec qui je vis maintenant au Mexique.

 

On peut donc dire que ma première expérience réelle de voyage aura été forte en émotion !

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